Chœur BORTNIANSKI Orléans Chant choral de liturgie orthodoxe slave

Un cœur orthodoxe


Un cœur orthodoxe

Étrange voyage intérieur

Dix hommes et seize femmes sous la baguette de Sergueï TCHERKASSOV, un grand chef d’orchestre au fort accent, à l’allure élancée et au mystère certain, me conduisirent dans des contrées insoupçonnées. C’est l’église de Jargeau qui servait de réceptacle à ce concert, en fin de journée d’un dimanche ensoleillé. Malgré la concurrence de l’astre solaire, le chœur de ce joli monument était plein : deux cents personnes avaient répondu présentes à l’invitation des choristes.
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Dès les premières notes, il apparut clairement que le lieu était parfaitement choisi. Cette église avait quelque chose qui était en accord parfait avec l’esprit des chansons. Les vitraux colorés, l’habillage tout en bois de cette partie de l’édifice, le soleil qui inondait les lieux : tout contribuait à provoquer le dépaysement et l’harmonie.
Les premiers morceaux élevaient l’â

me. On ne peut s’attendre à une autre impression avec un tel répertoire. Pourtant, loin de trouver l’invitation choquante ou déplacée, je me laissai prendre à la méditation

et à l’extase. L’agnostique se laissait emporter par le chant des oiseaux, la musique céleste. Il me fallait prendre garde à ne pas virer ma cuti …
Fort heureusement, je me retrouvai bien vite les pieds sur terre ; non pas que les chanteurs aient cessé de nous enchanter : bien au contraire, mais simplement parce que l’âme slave s’imposait comme une évidence. J’abandonnai les considérations mystiques pour être submergé par des images de cinéma et de littérature. Les grands espaces russes, les personnages de ces auteurs que j’avais dévorés avec fièvre me revenaient en mémoire.

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La chorale chantait et je voyageais en traîneau, je rencontrais Anna Karenine, Raskolnikov, Wolan, un peu déplacé en cette église, et encore bien d’autres. J’étais dans les plaines immenses, les forêts profondes, en hiver ou bien au printemps. C’est incroyable ce que ces chants m’ont fait voyager …
Puis, ce ne furent plus des noms qui s’imposèrent à moi mais un peuple et sa légende. Les basses donnaient de la voix et je cavalais au côté des glorieux cosaques, sabre au clair, le vent cinglant mon visage. Les sopranos leur répondaient et j’étais parmi les ouvrières des Kolkhozes ; tout le chœur se mettait à l’unisson et j’étais parmi les combattants de Stalingrad.
Je sais que ce ne sont que des images, des représentations trompeuses qu’une iconographie révolutionnaire a voulu imposer mais qu’importe ! Leur merveilleux chant me fit ainsi voyager. J’étais transporté parmi un imaginaire qu’on nous avait façonné à travers la littérature et le cinéma. C’était sans doute le meilleur moyen de goûter avec délice ce concert, de me laisser porter par les notes et les voix.

Je ne suis pas mélomane : je découvrais là un univers que je ne croise pas souvent. Chacun prend les portes d’entrées qu’il peut pour découvrir un univers : le mien fut visuel. Ces images mentales se sont imposées, façonnées par la magie de ce chœur. Je ne peux que l’en remercier. J’ai accompli un formidable voyage intérieur. Merci à tous !

Rêveusement leur.

Le chœur orthodoxe BORTNIANSKI répète une fois par mois à l’ancien couvent des Bénédictines de Saint Jean de Braye dont la chapelle est un merveilleux écrin sonore pour le plus grand plaisir des choristes dont certains viennent d’assez loin pour partager ce bonheur du chant.